Depuis l’Élysée, le président de la République a fait le point sur l’évolution de l’épidémie du COVID-19 et laissé entrevoir quelques perspectives.
Pour sa troisième allocution solennelle, Emmanuel Macron a changé de ton. La rhétorique guerrière employée dans son précédent discours, inappropriée et de nature à semer le doute sur les intentions qui ont conduit à déclarer l’état d’urgence sanitaire, a été assouplie.
Sur le fond, le Président reconnait désormais « l’impréparation » et avoue « des failles ». Cependant, Emmanuel Macron l’a redit lundi soir il n’y aura pas de changement de cap dans la gouvernance de la crise. L’État reste seul aux commandes et « les règles sont les mêmes partout sur notre sol ».
Centralisation et uniformisation sont les deux piliers de la gouvernance de la France. Toutefois, force est de constater que si la pandémie est générale, le virus touche inégalement les personnes et les territoires. Les hommes, les personnes âgées et les zones fortement urbanisées sont davantage victimes du virus que les femmes, les jeunes et les zones rurales. Quant au confinement, il n’est pas vécu de la même façon que l’on habite en ville dans un appartement sans extérieur qu’à la campagne dans un pavillon avec un jardin. Il est évident que pour les seconds, le confinement est plus supportable que pour les premiers.
Parce que la gestion centralisée n’a en rien démontré qu’elle était la meilleure, Régions et Peuples Solidaires plaide pour une gestion différenciée, le droit à l’expérimentation et la coordination locales des actions. Les collectivités territoriales qui pour l’heure sont considérées par l’État comme des concurrentes dans la gestion de la crise (collectivités territoriales à qui l’État détourne parfois, sur le tarmac d’un aéroport, des commandes de masques) doivent être associées.
Dans un souci d’efficacité, les Régions (redéfinies pour être adaptées aux réalités territoriales) doivent pouvoir adapter les mesures relatives à l’état d’urgence sanitaire à leur situation afin de tenir compte des spécificités de leurs territoires. Les territoires frontaliers tels que la Savoie, l’Alsace et la Moselle ou les régions transfrontalières telles que le Pays Basque ou le Pays Catalan doivent pouvoir élaborer des politiques sanitaires de concert avec leur voisin européen. Les Régions doivent pouvoir prendre des mesures expérimentales à l’instar de ce que demande la Collectivité de Corse. Cette adaptation aux territoires doit être l’une des lignes directrices en matière de déconfinement aussi.
En tout état de cause, le pilotage doit se faire au plus près des territoires et l’argument est proprement inacceptable qui consiste à dire que c’est impossible parce que la France n’est pas un État fédéral.
Décidément, ceci nous laisse entrevoir du pain sur la planche pour l’après crise !
Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires