Des records de température, avec des pics à 35 °C, sont attendus en ce début de mois d’octobre. Des chaleurs automnales amenées à se répéter, explique Tristan Amm, de Météo-France.
L’automne est là, mais ne se fait toujours pas ressentir. La France vit actuellement une « chaleur tardive remarquable », selon les termes de Météo-France. Des records de température ont déjà été battus ces derniers jours dans le sud-ouest, comme à Montauban, où le mercure a atteint 32,7 °C le 27 septembre ; ou à Toulouse, avec 33,1 °C le 28 septembre.
Des pics de température sont encore annoncés dans les jours à venir, particulièrement lundi 2 octobre. Plusieurs villes pourraient connaître leur première journée à plus de 30 °C pour un mois d’octobre. Pour Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France, ces événements météorologiques seront « de plus en plus remarquables » à mesure que le réchauffement du climat s’aggrave.
Reporterre — Un pic de chaleur est annoncé ce week-end. À quelles températures devons-nous nous attendre ?
Tristan Amm — La France connaît en ce moment un épisode de chaleur exceptionnellement tardif, et les chaleurs vont s’accentuer au cours du week-end. Ce samedi [30 septembre], on atteindra des températures qui dépasseront les 30 °C, de la Nouvelle-Aquitaine à la vallée du Rhône. Plus au nord, on aura des températures certes plus tempérées, mais qui resteront au-dessus des normales de saison.
Dimanche [1er octobre], les températures augmenteront d’un cran, et deviendront exceptionnelles particulièrement dans les plaines du sud-ouest. Entre la Gironde et le Midi toulousain, elles atteindront entre 32 et 34°C, voire 35 °C. On pourrait avoir dès ce dimanche 1er octobre des records mensuels de chaleur.
Cet épisode de chaleur va atteindre son paroxysme durant la journée de lundi [2 octobre]. Elle pourrait devenir la journée la plus chaude jamais enregistrée en octobre à l’échelle nationale. La barre des 30 °C se propagera jusqu’en Alsace. Les plus fortes chaleurs vont se concentrer du nord Auvergne aux plaines du sud-ouest. On atteindra une pointe à 35 °C. Il y a un risque de battre des records établis juste la veille.
Certaines stations météo, notamment celles situées entre le centre-ouest et le nord-est, pourraient observer leurs premiers 30 °C en octobre depuis les premiers relevés de Météo-France. C’est tout bonnement exceptionnel.
À quoi est dû ce phénomène ?
De très hautes pressions stagnent sur le pays depuis plusieurs jours, et vont se renforcer au cours du week-end. Ces hautes pressions repoussent les perturbations au loin. Combiné à ces hautes pressions, des masses d’air chaud venues de la péninsule ibérique vont remonter et se retrouver coincées sous les hautes pressions. L’air chaud va être emprisonné et réchauffé par effet de compression.
« On s’attend à ce qu’il y ait davantage d’importants épisodes de chaleur tardive »
En soi, ce phénomène — nommé dorsale anticyclonique — peut arriver en septembre ou en octobre. C’est quelque chose qu’on a déjà vu d’autres années. Mais avec le réchauffement climatique, les conséquences de ce genre de circulations atmosphériques pourraient être de plus en plus importantes, en termes de chaleur. L’air chaud transporté sera de plus en plus chaud.
Le réchauffement climatique ne va donc pas déclencher des événements météo, mais il va préparer le terrain pour que ces événements météo soient de plus en plus remarquables.
Est-ce un épisode de chaleur ponctuel, ou doit-on s’attendre à ce que la chaleur dure tout le mois d’octobre en France ?
C’est difficile de donner un scénario précis au-delà de sept jours — et encore, cela dépend des modèles. Pour le moment, on peut seulement dire qu’on aura une baisse des températures mardi [3 octobre], à cause de l’arrivée de perturbations par le nord-ouest. Cette baisse sera assez modeste et relativement temporaire.
Dès la fin de la semaine prochaine, des conditions anticycloniques semblent revenir. Avec elles, les températures repartiront à la hausse, surtout pour les maximales. En revanche, les températures minimales profiteront des ciels dégagés la nuit pour perdre de la chaleur et descendre relativement bas. On aura un contraste plus important entre la nuit et la journée.
Avec l’accélération du réchauffement climatique, il y a-t-il un risque que tous les mois de septembre et d’octobre ressemblent à ce que nous sommes en train de vivre ?
Il ne faut pas oublier que les phénomènes météorologiques sont aléatoires. Il n’est pas impossible que, d’une année sur l’autre, une saison ne soit pas du tout alignée avec le réchauffement climatique. Un exemple : l’été 2021 a été beaucoup moins chaud et impressionnant que ceux de 2022 ou 2023.
Ceci dit, on s’attend à ce qu’il y ait davantage d’importants épisodes de chaleur tardive. Je fais confiance aux spécialistes du Giec [1] quand ils prédisent que les épisodes de chaleur pourraient arriver dès le mois de mai et déborder en saison automnale. Les chiffres et les observations nous le montrent : le mois de septembre 2023 est officiellement le mois de septembre le plus chaud jamais mesuré en France métropolitaine.
Le réchauffement climatique est bien présent et il accélère. Les records mensuels qui risquent d’être battus dès le 1er octobre, ce n’est pas rien.