L’élection de Donald Trump risque d’affaiblir les ambitions de la COP29. Climatosceptique convaincu, il souhaite se retirer des accords internationaux, au risque d’être pris en exemple par les démocraties illibérales.
Jour de gloire pour Donald Trump. Journée noire pour le climat. Fervent défenseur des énergies fossiles, le milliardaire climatosceptique va reprendre la tête des États-Unis, deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre et premier responsable historique de la crise climatique.
Outre le désastre écologique que provoqueront ses politiques nationales, son retour à la Maison-Blanche présage le pire pour les accords internationaux qui vont se nouer lors de la COP29 qui débutera le 11 novembre en Azerbaïdjan.
Dès son premier mandat en 2017, Donald Trump a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris. Malgré l’annulation de cette décision par son successeur, le républicain ultraconservateur a promis de récidiver. Ce mépris des enjeux climatiques risque d’affaiblir les ambitions de la COP29, où les diplomates de Joe Biden ne pourront faire aucune promesse à long terme. « Les États-Unis ont la plus grosse responsabilité historique à financer l’action climatique, pointe Lorette Philippot, chargée de campagne finance et énergies fossiles à l’ONG Les Amis de la Terre. Trump peut décider de réduire drastiquement, voire cesser ces financements. »
« Ce qu’il y a à craindre, c’est que l’exemple de Trump fasse école »
L’heure est d’autant plus grave que les négociations de Bakou visent précisément à augmenter l’aide financière apportée aux pays en développement qui font face au changement climatique. Faute de financements suffisants, de nombreux États ne pourront pas atteindre leurs ambitions nationales.
Ce retrait serait « un signal fort envoyé aux décideurs politiques et aux pays du Sud en attente d’équité et de justice, qui démontre que le Nord mondial refuse de payer sa dette climatique », observe le politiste Stefan Aykut, coauteur du livre Gouverner le climat ? 20 ans de négociations internationales (éd. Les Presses de Sciences Po, 2015).
Relance de projets fossiles
« Ce qu’il y a à craindre, c’est que l’exemple de Trump fasse école », appréhende le chercheur en listant les démocraties illibérales [1] qui pourraient suivre ses pas : Javier Milei en Argentine, Viktor Orbán en Hongrie, Giorgia Meloni en Italie… « Il y a une internationale des autocrates très fortement liés à des intérêts fossiles. On peut craindre qu’elle continue à prospérer », soupire-t-il.
Pour y faire face, « il faut prendre acte de ce constat et construire des coopérations résilientes pour pallier la volatilité des États-Unis », conseille Stefan Aykut. Un front commun bien plus difficile à établir qu’en 2016, lors du premier mandat de Donald Trump, lorsqu’une coalition d’États avait réaffirmé leur engagement dans le processus multilatéral. La faute à « une situation internationale actuelle beaucoup moins coopérative et beaucoup plus éclatée », observe le politiste.
En plus d’affaiblir la justice climatique mondiale, l’élection de Donald Trump pourrait relancer des projets fossiles internationaux, relève Lorette Philippot. Comme le controversé chantier du Mozambique LNG de TotalEnergies, suspendu en 2021 après des attaques de groupes armés. Pour reprendre, ce gisement sous-marin de gaz a besoin de l’aval de ses financeurs, parmi lesquels les États-Unis. L’appui de la future administration Trump pourrait convaincre ses partenaires de relancer cette infrastructure écocide.