Vent, chaleur… À cause d’« un cocktail terrible », les incendies ont dévoré, en 2 jours, 2 000 hectares de forêt à Narbonne et aux alentours. Des lits de camps ont été installés au Parc des expositions pour les évacués.
Narbonne (Aude), reportage
« J’ai vu un mur de flammes devant chez moi. Quand j’ai quitté ma maison, j’étais sûre que je n’allais jamais la revoir. » Au milieu des lits de camp installés au Parc des expositions de Narbonne, Sophie est toujours sous le choc, deux jours après. « Vers minuit, dans la nuit de lundi [7 juillet] à mardi, les gendarmes sont venus dans notre village, à Bages, pour nous dire d’évacuer. Les flammes faisaient au moins 5 mètres de haut, juste à côté de nos maisons. Je n’avais jamais vu cela, alors que j’ai 45 ans et que j’ai toujours vécu ici », témoigne-t-elle, un café à la main, alors qu’elle n’a pas dormi de la nuit.
La région du Narbonnais, dans l’Aude, est touchée depuis lundi 7 juillet par un énorme incendie, qui a déjà brûlé 2 000 hectares de forêt et de garrigue et qui n’était toujours pas maîtrisé mardi soir. Il pourrait être dû à un jet de mégot. C’est le troisième incendie en quelques jours dans le secteur, puisqu’un feu a consumé 400 hectares dans la commune de Bizanet le 29 juin, et un autre a englouti 430 hectares à proximité du village de Douzens le week-end du 5 juillet.
Autour de Narbonne, 1 050 pompiers tentaient de contenir le feu dans la soirée du 8 juillet, selon la préfecture de l’Aude. Cinq ont été légèrement blessés. « Le feu qui s’est déclaré lundi est l’un des plus importants et virulents que j’ai vus de ma vie dans cette région, dit Alain Lascombes, vice-président de la protection civile de l’Aude. Les flammes sont attisées par un vent, la tramontane, qui souffle en rafales ces derniers jours à près de 90 km/h, et la topographie de la région, avec de nombreuses collines, permet également aux feux de se déplacer rapidement. C’est un cocktail terr
En plus des personnes évacuées, trois quartiers de Narbonne étaient confinés jusqu’au 8 juillet au soir, et certaines communes de la région le sont toujours en attendant que les pompiers maîtrisent la situation.
Fortes chaleurs
La virulence de cet incendie a surpris, et peut s’expliquer en partie par les fortes chaleurs des dernières semaines et un déficit pluviométrique atteignant 69 % en juin dans la région, selon Adrien Warnan, prévisionniste à Météo-France interrogé par l’AFP.
« Avec le vent et la canicule, il y avait tout pour que ça flambe, souffle Gabriel, la vingtaine, qui patiente dans le Parc des expositions et pensait lui aussi avoir tout perdu lorsqu’il a dû quitter sa maison à Bages. On se dit aussi qu’avec l’augmentation des températures, ça va forcément se reproduire dans les années qui viennent. » Attablée en face de lui, Awa, une autre évacuée de la commune, acquiesce. « Avec tout ce qu’on fait à la planète, on a parfois l’impression qu’elle nous le rend », ironise-t-elle.
Dans un rapport de 2024, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) avait directement établi un lien entre le réchauffement climatique et l’augmentation des feux de forêt. Si les émissions de gaz à effet de serre et les températures continuent de croître, les feux de forêt augmenteront de 13 à 22 % en 2030, et les grands feux (plus de 100 hectares brûlés) passeront de 7 à 10 par an en 2050.