REPORTERRE Une tonne d’algues vertes. C’est ce qu’ont déversé des membres de Greenpeace France sur le perron de la préfecture du Finistère, à Quimper, le 10 juillet au petit matin. Des banderoles — « Fermes-usines : ni ici, ni ailleurs », « Bretagne : préfets en eaux troubles » — ont été agitées sous les fenêtres des fonctionnaires. Par ce geste, les activistes entendaient « dénoncer la responsabilité de l’État face à la prolifération des algues vertes sur le littoral breton », causée par l’élevage industriel.
Les plages et les estuaires de Bretagne sont empoisonnées depuis quarante ans par les marées vertes. Ces algues à l’odeur pestilentielle prolifèrent en raison du déversement de déjections animales dans l’eau par les exploitations porcines, bovines et avicoles.
Cinq personnes et des dizaines d’animaux morts
Leur décomposition dégage un gaz extrêmement toxique, l’hydrogène sulfuré, qui peut être mortel lorsqu’il est inhalé. Depuis 1989, un cheval, trente-six sangliers, deux chiens, deux joggers, deux ramasseurs d’algues et un ostréiculteur sont suspectés d’être décédés suite à une exposition aux algues vertes, décompte France 3 Bretagne. La région compte quatre fois plus de cochons que d’habitants.
Malgré les nombreuses alertes de journalistes, d’associations environnementales et de victimes des marées vertes, l’action du gouvernement tarde. « En autorisant depuis des dizaines d’années l’essor de ces fermes-usines, l’État se rend coupable de cette situation catastrophique, dénonce Sandy Olivar Calvo, de Greenpeace France, dans un communiqué. Des mesures politiques doivent être prises de façon urgente : le monde agricole a besoin de paysans et de paysannes, pas de l’agro-industrie et de ses usines mortifères ! »
En ce début d’été 2023, plusieurs plages des Côtes-d’Armor sont encore souillées par ces algues putrides.