Si les scientifiques ont encore du mal à répondre à cette question, le réchauffement global influence la formation des tempêtes extrêmes comme Ciarán, qui a secoué la France.
La tempête Ciarán et le lot de catastrophes et de records charriés avec elle sont venus, depuis le 1er novembre, s’ajouter à la liste des événements climatiques extrêmes qui frappent la France. Mais, contrairement aux records de chaleur, attribuer l’avènement de cette tempête au changement climatique n’a rien d’évident.
Une telle tempête n’est d’abord pas inédite sur notre territoire. Celle que l’on surnomme « l’ouragan de 1987 » avait cette année-là balayé le nord-ouest du pays avec des rafales atteignant les 216 km/h, quand la tempête Lothar de 1999 avait couvert une superficie extrêmement large de la métropole, recense Météo-France. La tempête Ciarán, en termes de violence comme de surfaces touchées, est « exceptionnelle mais pas la tempête du siècle », résume ainsi sur X (anciennement Twitter) l’agroclimatologue Serge Zaka.
Surtout, les données de Météo-France ne montrent aucune évolution significative de l’intensité ni de la fréquence des tempêtes. Le service météorologique français revendique une mesure précise des vents forts sur le territoire depuis le début des années 1980. Sur ces quarante dernières années, aucune dynamique ne se dégage. Les décennies avec les tempêtes les plus intenses ne sont même pas forcément celles qui connaissent la plus forte fréquence de tempêtes. La période dessine même une « légère tendance à la baisse », mais celle-ci « ne peut être directement mise en perspective du changement climatique ».
Effets contradictoires du changement climatique
Concernant l’évolution future, la synthèse de la littérature scientifique publiée dans le dernier rapport du Giec [1] estime tout de même que l’ensemble de l’Europe pourrait être confronté à des tempêtes plus intenses. Elles devraient aussi être plus fréquentes partout, excepté sur le bassin méditerranéen.
Problème : ces projections pâtissent d’un fort degré d’incertitude. Dans un monde plus chaud de 1,5 °C par rapport au climat préindustriel, la hausse des tempêtes est évaluée pour la région avec un niveau de confiance « faible ». Même à 4 °C de réchauffement global, le niveau de confiance est « moyen » pour ces projections.
La difficulté à relier ces tempêtes au changement climatique vient de la complexité de ces phénomènes, qui rend les modélisations des climatologues encore très lacunaires. « On modélise bien l’évolution des vagues de chaleur, car elles sont directement liées à la hausse de la température globale, explique Davide Faranda, chercheur au CNRS à l’institut Pierre-Simon Laplace et spécialiste du lien entre les événements extrêmes et le changement climatique. Les tempêtes, elles, ne sont pas régies par la hausse de la température de la planète, mais par des différences de température entre différentes zones de la planète. On entre dans un ordre de complexité de plus dans la physique du climat. »
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