La « ruralité, c’est tout le monde », dit Julien Lassalle, frère du député béarnais Jean Lassalle. Pour porter le message d’un « territoire avec des hommes et des savoir-faire », le berger depuis peu retraité se lance, pour la première fois, en politique.
Pour les élections régionales de juin, l’ancien berger transhumant de Lourdios-Ichère (Pyrénées-Atlantiques) en vallée d’Aspe, 61 ans, a pris la tête de liste dans ce département du Mouvement pour la ruralité du conseiller régional Eddie Puyjalon, associé au mouvement Résistons ! de son frère.
« Quand on me demandait, +qu’est-ce que tu vas faire à la retraite+, j’avais deux envies : chanter et faire de la politique », dit à l’AFP cet homme au sourire timide, béret noir béarnais vissé sur la tête, portrait presque craché de son frère et même accent, « j’ai passé ma vie à côté d’elle (la politique, ndlr) et je n’avais jamais pris le temps de me lancer ».
De la politique, Julien Lassalle, qui dirigeait l’exploitation familiale dans ce village de 155 âmes, étape sur la route du fromage Ossau-Iraty, connaissait surtout le lobbying.
Pendant près de 30 ans, il a fait le siège des instances décisionnaires en matière agricole et a rapidement pris la tête des bergers transhumants des trois vallées béarnaises du Barétous, d’Ossau et d’Aspe.
« On m’a dit un jour qu’il faut être là où tout se décide. J’ai gardé ça dans un coin de ma tête toute ma vie », dit-il.
Quand on lui parle de ruralité, un « territoire avec des hommes et des savoir-faire », il assure que « la ruralité, c’est tout le monde ». Sur sa liste : sage-femme, médecin, esthéticienne, paysagiste, patron de petite entreprise, président de l’association des communes forestières, etc.
Également Magdalena Arbitre, docteure en droit communautaire et international, ex-conseillère politique en santé et protection des consommateurs auprès de l’Union européenne.
« On n’est pas les bergers qui débarquent en ne connaissant rien d’autre que leurs brebis », insiste Julien Lassalle.
– « Voir cette montagne habitée » –
En matière agricole, l’ancien berger ne veut pas « opposer les modèles ». Agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, sont dans le même bateau, dit-il en substance. Lui veut « ficher la paix aux gens et leur donner du boulot ».
« Trop d’administratif, de contraintes compliquent la vie des gens. Dès que vous mettez le pied dans une rivière, vous vous retrouvez avec dix plaintes d’associations environnementales », dénonce-t-il.
« Je veux que les gens entreprennent et je veux voir cette montagne habitée, qu’elle ne soit pas sans bras ou sans yeux. »
Très attaché à la transmission des exploitations agricoles, il croit au slogan « un départ, une installation ». « On a un réservoir de gens qui savent travailler et qui veulent s’installer », assure le retraité qui transmet les rênes de la ferme à sa fille, Marie-Eve, « première femme Lassalle à la tête de l’exploitation depuis 1600 », souligne-il avec fierté.
Opposé à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, ce « prédateur en zone pastorale » dont la présence est une controverse récurrente dans ces montagnes, il « veut organiser son retrait », dit-il.
Il portera également le message d’une relocalisation des entreprises, comme dans la gestion forestière : « On n’entretient plus les forêts et les cours d’eau, alors qu’il faut les exploiter ». Et d’évoquer les fonds Feder, ces fonds européens accordés aux régions, qui doivent « absolument être redéployés ».
Autre sujet important des Pyrénées, les stations de ski, manne d’emploi majeure, confrontées à « un manque de neige » et des « problèmes de rentabilité ». « On ne veut pas négliger la montagne, mais je n’ai pas de solution toute faite, je ne suis pas un Monsieur je sais tout ».
Dans cette première campagne, Julien Lassalle peut compter sur le soutien de son aîné, « frère et ami », député des Pyrénées-Atlantiques depuis 2002 et candidat à la présidentielle de 2022.
« J’espère quand même que j’ai existé un peu sans être seulement le +frère de+ », sourit le candidat, sans cacher que c’est un coup de fil de Jean qui l’a incité à se lancer. ( Info / AFP )