En conclusion du congrès des maires jeudi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis pour avant Noël un projet de loi sur la décentralisation, principalement axé sur le logement. Une annonce de plus qui ne dit rien des régions, rien de la Bretagne, et surtout rien de l’absurdité du découpage territorial absurde imposé sans consultation démocratique.
Jeudi, devant les maires de France réunis en congrès, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé un projet de loi sur la décentralisation qui devrait être présenté avant Noël. Sur le papier, une nouvelle étape de la décentralisation française. Dans les faits, une réforme très limitée, recentrée sur le logement et l’urbanisme, sans transfert réel de pouvoir politique vers les territoires.
Le cœur du futur texte, tel qu’esquissé par le Premier ministre, concerne la “clarification” des compétences en matière de logement : qui fait quoi pour les plans locaux d’urbanisme, les intercommunalités, les documents de planification, les dispositifs fiscaux, la rénovation, le logement social. On retouche un millefeuille administratif devenu illisible, mais sans remettre en cause la logique centrale : c’est toujours l’État qui fixe le cadre, les collectivités se contentent de l’appliquer.
Rien n’est annoncé pour les régions : pas de nouveaux pouvoirs, pas d’autonomie fiscale, pas de capacité réglementaire renforcée. Pour la Bretagne comme pour les autres régions, la “décentralisation” version Lecornu se résume à regarder l’État redistribuer les cartes entre communes, intercommunalités et administrations centrales, sans que l’échelon régional soit réellement conforté.
Questions de fond ignorées
Plus grave encore, rien n’est dit sur le découpage régional lui-même. La carte actuelle, décidée d’en haut, sans consultation des populations, reste intouchable. Les fusions de régions, les frontières administratives sans rapport avec les réalités historiques, culturelles ou économiques sont soigneusement maintenues hors du débat. L’absurdité du maintien de la Loire-Atlantique en dehors de la Bretagne historique n’est évidemment jamais évoquée.
On parle donc de “décentralisation” sans poser les questions de fond :
– qui décide vraiment pour les territoires ?
– où est la légitimité démocratique ?
– comment reconnaître les régions comme des communautés politiques à part entière, avec leurs langues, leurs cultures, leurs intérêts propres ?
Toujours de la poudre aux yeux
Depuis quarante ans, la France accumule lois de décentralisation, comités, rapports et grands discours. Mais dès qu’on approche de la question essentielle – partager réellement le pouvoir avec les territoires, reconnaître le fait régional, accepter de desserrer l’étau jacobin – tout se bloque. Restent des textes techniques, toujours présentés comme des réformes historiques, qui évitent soigneusement le cœur du problème.
Pour la Bretagne, ce nouveau projet de loi ressemble donc à beaucoup d’autres : une réforme annoncée comme décisive, mais qui ne touche ni au statut de la région, ni à son périmètre, ni à sa capacité à décider pour elle-même. Une réformette de plus dans un pays où le mot “décentralisation” sert trop souvent à masquer la persistance d’un pouvoir central qui ne veut pas vraiment partager