Il s’est élancé dimanche matin, malgré l’orage qui menaçait de lui barrer la route dans l’après-midi. Enseignant d’occitan et auteur d’une thèse sur la toponymie gasconne entre Adour et Arros, Fabrice Bernissan a combiné son métier de professeur avec ses compétences de coureurs, pour enfiler ses baskets et se lancer dans une folle épopée à pied, de Gavarnie dans les Hautes-Pyrénées jusqu’au rectorat de Toulouse où il doit arriver mercredi après-midi (17 h).
Malgré le ciel qui lui est tombé sur la tête en fin d’étape dimanche, Fabrice a réussi à rallier Tarbes dans la soirée, après 74 km de course. Le lendemain, après un crochet par l’école d’enseignement bilingue de la Calandreta à Laloubère, il a pris la route du Comminges, via Tournay, Capvern et Montréjeau, pour arriver à Saint-Gaudens. Mardi, il doit rallier Saint-Lys (soit 86km en un jour !), dernière étape avant l’arrivée au rectorat mercredi où Fabrice Bernissan doit remettre un courrier au recteur pour la défense de l’enseignement occitan au sein de l’éducation nationale. Il aura parcouru au total pas moins de 260 km en quatre jours, à pied mais aussi à vélo.
« Pas d’Occitanie sans occitan »
Plusieurs associations et des militants se sont greffés à cette initiative, soit en accompagnant Fabrice dans son épopée, soit en assurant l’accueil et le ravitaillement sur les différentes communes traversées. Ils ont aussi pu le relayer afin de lui offrir un peu de répit. Cette action itinérante baptisée « Langue d’Oc 2019, une part de nous-mêmes » avec pour slogan « Pas d’Occitanie sans Occitan » compte aussi deux parrains: Edmond Duplan, l’artiste- chanteur bigourdan et le réalisateur Ali Atassi. « Cette action est fortement soutenue, il faut continuer, confiait Fabrice Bernissan. Conformément aux accords passés, le gouvernement français doit réparation à la langue occitane et au gascon. Il est temps qu’on transmette véritablement nos langues par le biais de l’école, des collèges, des lycées. Nous allons porter nos demandes légitimes au rectorat et espérons que nous serons nombreux mercredi à 17 heures pour nous y être reçus. »
Le professeur coureur transmettra un courrier rassemblant les revendications des militants et des enseignants pour un enseignement de l’Occitan de qualité, un enseignement « désorganisé et menacé, de l’école à l’université, alors que son intérêt linguistique, culturel et pédagogique est reconnu, selon le collectif derrière cette action. Dans les Hautes-Pyrénées comme dans les autres départements, nous souffrons d’un enseignement défaillant et en recul, faute de moyens. Nos jeunes ont besoin de repères, d ‘une conscience qui se matérialiseront par ce qui les entoure. Ils ont besoin d’être fiers du lieu où ils commencent leur vie. Aidez-nous à transmettre cet héritage. »