Si l’on sait que le Languedoc est la première région viticole de France, avec un tiers des surfaces plantées de vignes, il est plus rare de savoir que l’appellation d’origine protégée (AOP) Languedoc, qui fête ses quinze ans cette année, représente le tiers des volumes vendus, toutes appellations de la région confondues. « C’est la première appellation en volume, se félicite Olivier Legrand, délégué général du CIVL (Comité interprofessionnel des vins du Languedoc). Même si les aléas climatiques de ces dernières années ont limité la croissance, l’AOP représente une production qui oscille entre 230 000 et 250 000 hectolitres par an».
« Le fait d’avoir une appellation régionale est clairement un atout, ajoute Jérôme Joseph, à la tête de la maison de négoce Calmel & Joseph, spécialisée dans les vins du Languedoc-Roussillon. Toutes les autres grandes zones viticoles ont une appellation régionale et le fait qu’elle couvre aussi le Roussillon est une bonne chose. » Car aujourd’hui, les vignerons, qu’ils soient aux portes de Nîmes ou à celles de Perpignan, peuvent choisir d’adopter cette appellation, à côté des dénominations de crus.
« Le mot Languedoc commence à exister en tant que région majeure de production de vin, au même titre que Barolo, Bordeaux ou la Toscane, ce qui explique le succès auprès des acheteurs », explique Jean-Claude Mas, fondateur des Domaines Paul Mas en 2000. Un succès porté notamment par les rosés qui représentent aujourd’hui l’essentiel de la production, loin devant les rouges et les blancs. « Le rosé représentait déjà 25 % de la production, mais celle-ci a plus que doublé grâce à la demande du marché et, sans doute aussi, à des effets conjoncturels, certaines dénominations ayant parfois interdit le rosé dans leur cahier des charges », souligne Olivier Legrand. De quoi permettre aux rosés du Languedoc de devenir une appellation emblématique, au même titre que la Provence. « Nos rosés ont la même qualité, mais avec un meilleur rapport qualité-prix », ajoute Gérard Bertrand, premier acteur régional. D’ailleurs, sa cuvée Côtes de Roses, déclinée dans les trois couleurs, s’arrache aujourd’hui dans plus de 150 pays. « Avec nos différentes gammes, positionnées entre 8 et 15 euros, les consommateurs du monde entier peuvent apprécier nos vins. Fruités, charmeurs, avec de bonnes maturités, ils ont tout pour plaire. »
« Les vins du Languedoc sont incroyables à bien des niveaux, explique Mia Van de Water, chef sommelier au Cote Korean Steakhouse à New York. Une combinaison de fruit juteux et intense grâce au climat doux, associé à une forte volonté de respecter la nature qui permet de produire des vins charmeurs, exubérants et universellement attirants. » Et de quoi séduire les consommateurs américains : les États-Unis représentent le premier marché de l’appellation Languedoc et absorbent 30 % des exportations, tirées par les rosés. « En dehors de la période de Covid et des taxes Trump, ce marché a enregistré une croissance ininterrompue, loin devant la Chine (15 à 17 % des exportations), le Canada et la Belgique à 10 %, et un trio autour de 5 à 7 % composé du Royaume-Uni, de l’Allemagne et la Suisse. » Ainsi, Jean-Claude Mas réalise 90 % de ses ventes à l’export, un chiffre légèrement en baisse au profit du marché hexagonal
« En France, les vins AOP Languedoc sont bien valorisés. Pour les consommateurs, c’est une belle appellation, avec une distribution dominée par la grande distribution qui vend 50 % des volumes, devant le circuit traditionnel (cafés, hôtels, restaurants et cavistes) pour 40 % et 10 % de ventes au caveau », précise Olivier Legrand. L’appellation Languedoc fait ainsi partie du top 10 des appellations les plus présentes chez les cavistes. Elle est même devenue un incontournable au même titre que les champagnes ou les châteauneuf-du-pape. En grande distribution, la part des vins en AOP Languedoc au-dessus de 5 euros a elle aussi augmenté, passant de 1,4 million de bouteilles de rosés à plus de 2 millions, et de 2,8 millions de cols de rouge à 3,6 millions, soit une augmentation de 30 %. « L’AOP Languedoc a un positionnement de cœur de marché premium, mais accessible », explique Olivier Legrand. Des tarifs qui permettent de retrouver une bouteille entre 5 et 7 euros en grande distribution, de 8 à 15 euros à la vente au caveau, tandis que les sites d’e-commerce proposent des vins en moyenne à 15 euros. De leur côté, les cavistes proposent une offre de rosés entre 10 et 20 euros, un prix qui monte à 15-20 euros pour les rouges.
Info / Le FIGARO