Pierre-Louis Berthaud a traversé le premier vingtième siècle en portant des engagements politiques et culturels divers et parfois même contradictoires. Des centaines de lettres de sa main, patiemment collectées dans de multiples fonds d’archives, permettent de dessiner l’étonnante trajectoire qui mène ce bibliothécaire devenu journaliste puis parlementaire, des milieux socialistes bordelais à l’assemblée de l’Union française comme député gaulliste en passant par Vichy et Dachau, de la défense de la langue occitane au soutien des intellectuels catalans et, dans les dernières années de sa vie, à la préservation de la mémoire de la déportation.
À travers le destin de Pierre-Louis Berthaud et sous son regard souvent acerbe, ce sont des pans entiers de l’histoire politique et culturelle française et européenne qui se révèlent : les années Marquet à Bordeaux, le passage progressif d’une frange de la gauche vers l’extrême-droite, la solidarité entre Catalans et Occitans, les vichysto-résistants, le drame de la déportation et les débats autour de sa mémoire, les revendications et luttes internes des mouvements d’oc, pan de l’histoire intellectuelle méridionale bien trop souvent occulté… Homme de l’ombre, Berthaud est aussi une personnalité étonnante, un homme haut en couleur qui fréquente les cercles les plus divers – zimmerwaldiens, anarchistes, de l’Action française, catalanistes, occitanistes, gaullistes – et tisse des liens avec des personnalités aussi différentes qu’Adrien Marquet, Bracke-Desrousseaux, André Lebey, Jean Paulhan, Edmond Michelet, Paul Ricard, ou Robert Lafont.
On découvre ainsi le bouillonnement intellectuel d’un siècle agité .
. Le livre est signé Yan Lespoux, maître de conférences en occitan de l’Université Paul Valéry – Montpellier 3, docteur en histoire, habilité à diriger des recherches, membre du laboratoire ReSO (Recherches sur les Suds et les Orients). Il est spécialiste de la revendication d’OC au vingtième siècle.