L’agriculture audoise a besoin de bien plus …
qu’un samedi noir
Nous, Confédération Paysanne de l’Aude, défenseurs des travailleuses et travailleurs de toutes les terres du département, nous nous adressons à la grande famille des vignerons, femmes et hommes, en cave coopérative et particulière, en agriculture conventionnelle et bio, » d’aqui » et » néo ruraux « .
Nous entendons les difficultés rencontrées et manifestons une fois de plus notre solidarité avec celles et ceux qui subissent les conséquences du déréglement climatique, qui sont écrasés par un modèle économique et une politique agricole (relayés par l’inter profession) qui les maintiennent sous perfusion.
Nous nous associons à certaines revendications conjoncturelles mais déplorons par contre la faiblesse des revendications structurelles qui ne sont pas de nature à transformer le modèle de production viticole qui est pourtant à bout de souffle. Les vignerons sont victimes des directions prises avec la massification de la production de vin et l’encouragement à des investissements inconsidérés.
À la Confédération Paysanne, il y a des dissonances qui nous sont insupportables :
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Déplorer de faibles récoltes liées à la sécheresse dans un contexte général de surproduction. Nous devons envisager des mesures de régulation et de solidarité pour limiter la distorsion flagrante entre les secteurs irrigués et ceux qui ne le sont pas.
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Revendiquer en même temps un accès accru à l’eau et une distillation de crise pour détruire les stocks de vin. Il faut rappeler que la vigne est traditionnellement une culture peu avide en eau, ce qui explique son implantation historique dans notre département.
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S’en remettre au marché et attendre des acheteurs qu’ils » jouent le jeu « .
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Refuser l’importation de vin étranger et avoir comme principale perspective des marchés à l’export.
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Demander à l’État de financer un arrachage temporaire qui va affecter principalement nos terroirs les plus reculés présentant le plus fort potentiel qualitatif. C’est un retour des politiques passéistes qui n’ont pas fonctionné.
Pour toutes ces raisons, pour une sortie de crise durable et cohérente, la Confédération paysanne appelle celles et ceux qui iront manifester à Narbonne le 25 novembre à porter des revendications qui répondent réellement à la nécessité de soutenir les paysannes et paysans les plus touchés par cette crise :
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Des aides d’urgences encadrées et réservées à celles et ceux qui en ont besoin.
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Des mesures financières et un accompagnement technique pour celles et ceux qui sont volontaires pour changer ou diversifier la production, en priorisant les terres les plus productives.
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Des prix minimum d’entrée pour les produits alimentaires importés associés à des aides à la consommation pour les productions locales (sécurité sociale de l’alimentation).
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Des prix rémunérateurs pour toutes les productions agricoles.
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Des coopératives aux mains des paysans, pas de la finance ou de la grande distribution.
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Un partage cohérent de l’eau et des aides allouées à l’agriculture, dans son ensemble.
D’année en année le nombre d’agriculteurs ne cesse de chuter avec pour conséquence des surfaces agricoles soit abandonnées, soit accaparées par les plus puissants qui nous confisquent notre outil de production.
Les vigneronnes et vignerons audois, les caves coopératives qui sont encore à leur service ont besoin d’un projet de territoire afin que cette crise viticole n’en appelle pas de nouvelles.
À la Confédération Paysanne, nous avons des réponses politiques structurées et cohérentes :
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Pour répondre à la mévente du vin.
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Pour allouer l’accès à l’eau, ressource essentielle de nos cultures vivrières.
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Pour réguler le marché intérieur et extérieur du vin, mais aussi de toutes les denrées, et transformer de façon démocratique notre système alimentaire.
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Pour un arrachage sélectif des vignes sans déstructurer nos terroirs, en refusant la fuite en avant proposée par l’agriculture industrielle productiviste.
C’est pourquoi, que vous exprimiez ou non votre colère un samedi noir, nous invitons à nous rejoindre, celles et ceux qui souhaitent construire un projet qui maintiendra des paysannes et paysans nombreux sur notre territoire avec un revenu digne et en partageant les ressources.