LETTRE OUVERTE AUX MAIRES DE L’AUDE
Zones d’accélération des énergies renouvelables :
les terres agricoles, naturelles et forestières doivent être protégées
La loi d’Accélération du déploiement des Énergies Renouvelables du 10 mars 2023 (APER), vous incite à définir sur le territoire de votre commune des « zones d’accélérations des énergies renouvelable » (ZAER).
Nous vous rappelons qu’elles doivent se faire avec l’organisation d’une consultation de vos concitoyens, débat au sein de votre EPCI et validation par le Conseil Municipal.
Attachée à la transition écologique, la Confédération Paysanne, syndicat agricole représentatif est évidemment engagée d’abord dans la sobriété puis dans la transition énergétique. Mais cela ne doit en aucun cas se faire sur la base d’un modèle financier au détriment des paysan-nes et habitant-es des territoires.
Dans ses rapports de 2018 et 2019, l’ADEME évalue des gisements de photovoltaïque à 123 GW sur grandes toitures, 49 GW sur les friches industrielles et 4 GW pour les parkings. Elle appelle à privilégier ces modèles « pour éviter d’occuper des sols agricoles et de nuire à l’image de cette énergie renouvelable ». Ajoutons que la France compte entre 24 000 et 32 000 zones d’activités, soit 450 000 ha déjà artificialisés*, qui sont en grande partie propices à recevoir des panneaux photovoltaïques. Ce potentiel est donc bien supérieur aux objectifs de production d’énergie photovoltaïque de France Nation Verte, fixés par la Première ministre en juin (respectivement 55 et 140 GW en 2030 et 2050).
Non seulement inutiles, les projets d’agrivoltaïsme et de centrales photovoltaïques sur terrains agricoles, naturels et forestiers ont de multiples effets pervers que vous vous devez de prendre en compte :
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Artificialisation qui porte atteinte à la vocation nourricière de la terre,
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Précarisation des paysan-nes et de leur activité agricoles car mise en place de contrats d’entretien ou des baux précaires sur les parcelles artificialisées,
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Manne financière générant des conflits d’intérêt entre les habitants dans les communes,
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Perte de la qualité de vie au travail,
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Dégradation des paysages,
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Menace pour la biodiversité**
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Menace dans la lutte contre les incendies
Mais surtout, l’agrivoltaïsme et les centrales photovoltaïques sur les terres agricoles ont un impact majeur sur les prix et la disponibilité du foncier, en contradiction avec l’objectif de doublement des installations de paysans et paysannes pour assurer le renouvellement des générations. Nous vous rappelons que l’Aude à perdu entre 2010 et 2020, 8 940 hectares de surfaces agricoles utiles***.
La Confédération Paysanne vous demande au regard des remarques que nous avons énoncées de retenir uniquement des surfaces déjà artificialisées dans vos propositions de ZAENR protégeant ainsi les surfaces agricoles, forestières et naturelles de vos communes. L’argument des terres en friches ne peut être retenu pour justifier le déploiement du photovoltaïque. Pour la Confédération paysanne, les municipalités, avec les services de l’État, le département, la Safer, la Chambre d’agriculture et les associations de développement agricole doivent mobiliser tous les outils à leur disposition (préemption, procédure de mise en valeur de terres incultes, etc … ) et les habitants pour lutter contre l’enfrichement.
L’ensemble des membres de la Confédération paysanne de l’Aude reste à votre disposition pour échanger sur ce sujet et sur les arguments exposés dans notre lettre.
*source CEREMA
** Rapport sur l’impact des centrales PV sur la biodiversité de la Ligue de Protection des Oiseaux
*** AGRESTE