Le vin, nouvelle victime du changement climatique ? L’étude de chercheurs français publiée le 26 mars dans Nature review Earth and Environment pourrait nous déclencher une bonne gueule de bois. Environ 90 % des régions viticoles du sud de l’Europe et de la Californie « risquent de perdre leur aptitude à produire du vin de qualité à des rendements économiquement soutenables d’ici la fin du siècle » si le réchauffement global dépasse les 2 °C.
Pour dresser leur cartographie mondiale, les scientifiques – de l’Inrae, de Bordeaux Sciences Agro, du CNRS, de l’université de Bordeaux et de l’université de Bourgogne – ont analysé les conséquences de la hausse des températures et des sécheresses successives sur la culture de la vigne.
« De nouvelles régions viticoles pourraient se développer »
« Le changement climatique affecte le cycle de vie de la plante, qui débourre plus tôt, au risque de subir le gel, et dont les raisins arrivent plus vite à maturité, entraînant des vendanges plus précoces, autour de trois semaines dans toutes les régions, expliquait à Reporterre le chercheur Jean-Marc Touzard. La plante transpire plus, a donc plus besoin d’eau et produit moins si elle est en stress hydrique. » Il citait également la plus forte teneur en sucre des raisins — et donc la hausse du degré d’alcool des vins — ainsi que la baisse de leur acidité.
Une analyse désormais corroborée par cette étude de grande ampleur. Les régions côtières et de basse altitude dans le sud de la France, en Espagne, en Italie, en Grèce et dans le sud de la Californie sont particulièrement vulnérables. À l’inverse, ont noté les chercheurs, « les températures plus élevées pourraient améliorer l’aptitude d’autres régions pour la production de vins de qualité » : le nord de la France, notamment la Bretagne, ou la Colombie-Britannique, au Canada. Et même plus loin : « De nouvelles régions viticoles pourraient se développer, en Belgique, aux Pays-Bas ou au Danemark. »