Contre la « ruine des paysans », une quarantaine de parlementaires des Écologistes, de La France insoumise et du Parti socialiste appelle les citoyens à soutenir l’agroécologie le 11 avril à Bruxelles, non loin du Parlement.
Benoît Biteau et Marie Toussaint sont eurodéputés. Les noms des quarante-six signataires de la tribune, parlementaires nationaux et de l’Union européenne, sont à la suite du texte.
« On vous nourrit, mais on en crève ! » C’est l’un des nombreux slogans aperçus lors des manifestations d’agriculteurs qui ont agité et continuent d’agiter la France et l’Europe tout entière. Leur revendication est claire et légitime : ils veulent vivre de leur métier.
La réaction de la majorité de droite tant française qu’européenne est loin d’être à la hauteur de ce cri d’alarme. Plutôt que de mettre en place les outils de régulation des marchés qui pourraient garantir un revenu agricole décent et stable, elle a préféré revenir sur les objectifs de réduction des pesticides. Plutôt que de remettre en question les accords de libre-échange qui exposent nos agriculteurs à une concurrence déloyale, elle a préféré s’attaquer aux maigres conditionnalités environnementales de la Politique agricole commune (PAC). Les reculs environnementaux ne feront pas le progrès social pour les paysans !
Au contraire, les agriculteurs sont en première ligne face aux bouleversements environnementaux. Ils et elles le savent bien, eux qui ont vu disparaître leurs voisins, s’effacer les paysages ruraux, se volatiliser les cours d’eaux, les bruits des oiseaux et des insectes… Là est le bon sens paysan environnemental. Ce sont encore eux et leurs familles qui sont les premières victimes des pesticides. La reconnaissance du statut de maladie professionnelle de certaines pathologies liées à l’exposition à ces substances dangereuses en est la triste démonstration.
Mais la majorité d’entre eux restent pourtant coincés dans un cercle vicieux : acheter toujours plus de pesticides pour rester « compétitif », alors même que ces derniers impactent la capacité à produire de demain et représentent un danger sanitaire pour la société. Seule une poignée d’agromanagers et de multinationales en sortent gagnants.
Les régressions environnementales, la ruine de demain
Il faut passer à la marche suivante, la plus complexe mais la plus indispensable : la transition agroécologique. Plus que nécessaire, elle est urgente. Le Giec [1] est formel : le changement climatique va avoir un impact terrible sur notre sécurité alimentaire, et notamment celle des plus précaires, en provoquant la diminution des rendements agricoles et des ressources en eau.
Certains responsables politiques prônent aujourd’hui une politique de l’autruche, très dangereuse. Quand le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau propose de revenir sur l’obligation de rotation des cultures, principe agronomique de base, pour améliorer le revenu des agriculteurs, il s’attaque en réalité au socle même de ce revenu : les sols agricoles. Les régressions environnementales feront la ruine des paysans.
Alors que les élections européennes approchent [elles auront lieu du 6 au 9 juin 2024], il est fondamental de faire entendre ce message. D’autant que, loin d’être un réflexe corporatiste, c’est une ambition largement partagée dans la société. Les citoyens dans leur ensemble doivent s’emparer de ces sujets fondamentaux que sont l’agriculture et l’alimentation. Après tout, il s’agit de l’eau que nous buvons, de l’air que nous respirons, de l’avenir de la terre et de la Terre.
Le 11 avril, à Bruxelles, aura lieu un rassemblement organisé par des partis politiques, des associations, des mutuelles de santé européennes pour promouvoir une transition agricole. Retrouvons-nous à cette occasion vers 16 heures, près du Parlement européen, place du Luxembourg, pour revendiquer ensemble ce nouveau cap. Nous vous convions tous et toutes, citoyen nes, artistes, musicien nes à un grand goûter festif qui préfigure cet avenir. Face aux lobbies, faisons entendre notre voix !
Liste des signataires :
Aubry Manon, députée européenne La France insoumise
Autain Clémentine, députée La France insoumise
Belluco Lisa, députée Les Écologistes
Bénarroche Guy, sénateur Les Écologistes
Bilongo Martens Carlos, député La France Insoumise
Biteau Benoît, député européen Les Écologistes
Blandin Marie-Christine, ex-sénatrice Les Écologistes
Bompard Manuel, député La France insoumise
Carrière Sylvain, député La France insoumise
Chaibi Leïla, députée européenne La France insoumise
Clergeau Christophe, député européen Parti socialiste
Cormand David, député européen Les Écologistes
De Marco Monique, sénatrice Les Écologistes
Delli Karima, députée européenne Les Écologistes
Dossus Thomas, sénateur Les Écologistes
Fernique Jacques, sénateur Les Écologistes
Fournier Charles, député Les Écologistes
Gontard Guillaume, sénateur Les Écologistes
Gruffat Claude, député européen Les Écologistes
Guhl Antoinette, sénatrice Les Écologistes
Guillaume Sylvie, député européen Parti socialiste
Jadot Yannick, député Les Écologistes
Jourdan Chantal, députée Parti socialiste
Laisney Maxime, député La France insoumise
Mamere Noël, ex-député Les Écologistes
Mebarek Nora, députée européenne Parti socialiste
Mellouli Akli, sénateur Les Écologistes
Mesure Marina, députée européenne La France insoumise
Pochon Marie, députée, Les Écologistes
Poncet Monge Raymonde, sénatrice Les Écologistes
Prud’homme Loïc, député La France insoumise
Regol Sandra, députée Les Écologistes
Roose Caroline, députée européenne Les Écologistes
Rousseau Sandrine, députée Les Écologistes
Ruffin François, député La France insoumise
Salmon Daniel, sénateur Les Écologistes
Satouri Mounir, député européen Les Écologistes
Senée Ghislaine, sénatrice Les Écologistes
Souyris Anne, sénatrice Les Écologistes
Tavel Matthias, député La France insoumise
Thiollet François, député Les Écologistes
Toussaint Marie, députée européenne Les Écologistes
Trouvé Aurélie, députée La France insoumise
Vogel Melanie, sénatrice Les Écologistes