Aude, été 2025. Des vies brisées, des vignes aux raisins décharnés, des collines entières noircies de cendres parcourues par les patrouilles de pompiers… Deux semaines après, l’odeur âcre des vallons, de la garrigue et des arbres calcinés envahit encore les ruelles et les maisons des villages. Sur les regards de leurs habitants, on lit encore la détresse et l’angoisse vécues pendant ces journées de cauchemar.
Les jours ont filé depuis l’arrêt des flammes et les projecteurs, les caméras, les journalistes s’éloignent de ce paysage des Corbières dévasté par le mégafeu du 6 août, que j’ai parcouru avec les maires, les vignerons, des pompiers la semaine dernière et cette semaine. L’incendie qui a ravagé les Corbières et le Lézignanais restera comme le pire de notre histoire récente.
Nous n’avons pas le droit d’abandonner les femmes et ces hommes qui veulent vivre sur cette terre d’Aude chère à leur cœur, à leur histoire personnelle. Ces pompiers qui ont lutté sans relâche jour et nuit aidés par leurs camarades venus de 80 départements. Ces élus locaux qui ont ouvert des centres d’hébergement, écouté les victimes traumatisées. Ces vignerons déjà malmenés par la dérégulation du marché viticole et la sécheresse persistante, ces professionnels du tourisme.
Leur héroïsme, leur volonté de se relever, la force de leur caractère et leur amour du pays ne doivent pas masquer une évidence : seuls, ils ne peuvent pas.
Aux côtés du département, des intercommunalités, des chambres consulaires que j’ai réunies au village de Coustouge, j’ai renouvelé la solidarité de la Région et tout mon soutien à toutes celles et tous ceux qui ont vécu la violence de ce mégafeu. Nous activerons, ensemble, en pack, les dispositifs d’aides et de compensations en veillant à ce que les assurances privées prennent toute leur part.
Néanmoins, tout le monde dans l’Aude en est conscient : ce drame humain, économique, environnemental n’est pas un épisode isolé. Il est le signe d’un basculement. L’Occitanie est aujourd’hui la région la plus exposée aux risques climatiques : sécheresses, canicules, inondations, incendies. Ce mégafeu dans l’Aude, ces années sans pluies dans les Pyrénées-Orientales, ces incendies passés dans l’Hérault et le Gard, cet embrasement que nous voyons au bout de ce mois d’août dans le nord-ouest de l’Espagne et au Portugal, demain d’autres le subiront à leur tour en France et en Europe. Nous avons le souvenir de la Grèce.
Monsieur le président de la République, vous avez promis des moyens supplémentaires en 2023. Des hommes, du matériel, une vraie capacité d’anticipation. Tenez parole. L’heure n’est plus aux discours, mais aux actes :
Des moyens humains renforcés pour nos pompiers.
Des équipements modernes et suffisants.
Une filière européenne de bombardiers d’eau, indépendante et pérenne.
Des règles simplifiées pour protéger, débroussailler, stocker l’eau et aménager nos territoires.
Une stratégie massive d’adaptation au changement climatique, avec un investissement à la hauteur du défi.
Vous avez aussi lancé, Monsieur le président, un plan « Marseille en grand ». Parce que nous sommes en première ligne du dérèglement climatique, parce que ce qui brûle ici annonce ce qui brûlera ailleurs, l’Occitanie mérite, elle aussi, un plan d’envergure.
Ce mégafeu doit être un électrochoc. On ne peut plus se contenter de mesures ponctuelles, ni de promesses différées. Ce qu’il faut, c’est un changement d’échelle. Nous avons besoin d’ « plan Marshall » pour l’Occitanie.
Nous n’avons plus le temps d’attendre. Les flammes n’attendent pas. La sécheresse n’attend pas. L’angoisse des habitants n’attend pas.
Monsieur le président de la République, lancez, dès maintenant, le plan « Occitanie Résiliente ».
