Catherine Connolly nouvelle présidente de l’Irlande REPORTERRE

Catherine Connolly a été élue présidente de l’Irlande avec le soutien de l’ensemble des partis de gauche. Cette socialiste et écologiste tentera de faire de ce poste essentiellement symbolique une voix pour la paix et le climat.

Elle a fait campagne comme candidate indépendante, militant pour l’accès au logement, les politiques climatiques, la défense de la langue irlandaise, les jeunes, les aidants ou encore la réunification de l’Irlande. Ses affiches électorales, qui s’inspirent des noms écrits à la main sur les anciennes devantures des magasins de sa région, Galway, jouent sur le renouveau de la culture celtique. Sur les réseaux sociaux, on la filme en train de faire du basketball avec des enfants, qu’elle impressionne en enchaînant les dribbles.

Catherine Connolly, 68 ans, a été élue 10ᵉ présidente de l’Irlande en recueillant une proportion record des voix, le vendredi 24 octobre. Une élection à un tour, sans limite de candidats, qui n’a pourtant vu aucun de ceux choisis par les deux partis de centre et centre-droit qui forment la coalition gouvernementale triompher. Le nombre de votes nuls a été sans précédent : des bulletins raturés, ou couverts de messages anti-immigration, marquant l’agacement d’une partie de l’électorat dont les représentants n’ont pas rempli les conditions pour pouvoir se présenter.

« Nous ne pouvons pas continuer avec la même approche non-durable de la croissance » »

Dès ses premières prises de parole, Connolly a promis d’être « une voix qui articule la menace existentielle posée par le changement climatique ». Pendant sa campagne, elle a répété sa volonté d’utiliser son mandat pour œuvrer à la protection du patrimoine naturel de l’Irlande, en « soutenant les communautés, les scientifiques et les activistes qui travaillent au changement », et en « célébrant le lien profond entre les Irlandais et la nature ».

Elle souligne régulièrement l’écart entre les objectifs fixés par le gouvernement et les résultats sur le terrain et, lors de la dernière présentation du budget, a dénoncé l’échec « à reconnaître que nous ne pouvons pas continuer avec la même approche non-durable de la croissance ».

Une « présidente inclusive »

Le nom de Catherine Connolly n’est pas étranger aux Irlandais. Née dans une famille de quatorze enfants, psychologue clinicienne, puis avocate, elle est entrée en politique en 1999 auprès du Labour Party. Elle a été élue municipale de Galway pendant dix-sept ans, avant d’entrer à la chambre basse du Parlement, dont elle est devenue vice-présidente en 2020.

Si Catherine Connolly affirme qu’elle sera « une présidente inclusive », qui valorisera « la diversité », le poste de présidente reste principalement honorifique. Bien qu’ayant des fonctions de représentation et le devoir de faire respecter la Constitution, le rôle consiste d’abord, en principe, à être une figure non partisane et d’incarner la nation au-delà de la politique quotidienne et des logiques de parti.

Depuis les années 1990, cette place est toutefois occupée par des membres de l’opposition ou des élus aux trajectoires atypiques, et a pris une coloration morale et symbolique, chacun imprimant une grande cause à son mandat. C’est néanmoins la première fois que l’ensemble des partis de gauche se rangeaient derrière une unique candidature à cette élection.

Propalestinienne et antimilitariste

Ses positions sur l’international risquent de trancher avec la ligne du gouvernement : défenseuse de la neutralité irlandaise et peu convaincue par l’Otan, Connolly s’oppose à la « militarisation » d’une Union européenne qui aurait « perdu sa boussole morale », et dans laquelle la France et le Royaume-Uni ne sont plus « dignes de confiance ».

Les opposants de Connolly ont fait remonter plusieurs controverses, parmi lesquelles un voyage en Syrie en 2018 à propos duquel elle dut se défendre de tout soutien à Bachar al-Assad et sa tentative d’embaucher une ancienne détenue proche d’un groupe paramilitaire nationaliste.

Elle a dénoncé tôt le génocide à Gaza, s’insurgeant de la lenteur de l’UE à agir, et a depuis promis d’être « une voix pour la paix ». Reste à voir si son mandat parviendra à aller au-delà du symbolique, et si les différents partis de gauche qui se sont unis derrière son profil parviendront à tisser des liens plus durables.

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