La rencontre entre le poète agenais Jacques Boé dit Jasmin et le compositeur hongrois Franz Liszt a eu lieu 177 ans. Hier, elle était remise à l’honneur au théâtre d’Agen.
Dans le cadre des Journées du Patrimoine, le théâtre Ducourneau a accueilli dimanche un spectacle gratuit qui a fait revivre au public la rencontre entre notre plus célèbre poète local et le compositeur Franz Liszt.
On n’aurait pas rêvé une reprise plus réussie pour Ducourneau. Nombreux spectateurs au rendez-vous, longs applaudissements nourris, et hommage à la langue occitane et à la culture gasconne en général.
177 ans plus tôt, le poète Jasmin invite son ami le compositeur Franz Liszt à un récital au théâtre Ducourneau, juste après son concert au théâtre Moncorny. De là, l’idée de célébrer cet anniversaire presque jour pour jour, puisque la rencontre historique des deux artistes eut lieu le 20 septembre.
Entre conte et concert, c’est le ténor Christian Moulié qui s’est chargé de la narration, ponctuée par la lecture de textes en langue d’oc. L’histoire de Jasmin, né Jacques Boé en 1798, pourrait ressembler à une œuvre de fiction mais ne l’est pas.
Le coiffeur devenu poète n’a jamais cessé de défendre les vieilles traditions gasconnes et la langue d’oc, même quand un certain Sylvain Dumon, ministre des Finances et des Travaux Publics, affirme sa volonté d’imposer le français comme seule et unique langue du pays, car elle symbolise l’avenir, la modernité. Jasmin, lui, défend bec et ongles le patois local.
Monté à Paris, il déclare que la capitale le rend fier, mais qu’Agen le rend heureux.
La reconstitution de cette époque était d’autant plus réaliste que le groupe Campanhia Viratge interprétait des morceaux traditionnels du XIXe siècle. Le pianiste Fabien Prou s’est glissé dans la peau de Liszt pour faire revivre les morceaux choisis par le compositeur pour le 20 septembre 1844 et a accompagné Christian Moulié sur « Faribolo Pastouro », extrait d’une romance de Jasmin qui avait inspiré une improvisation à Liszt. La virtuosité de Fabien Prou a suscité l’enthousiasme du public, déjà emballé par ce récital narratif.
Costumes d’époque, musique remarquablement interprétée, langue d’oc mise en valeur, la rencontre insolite de Jasmin et de Liszt a charmé le public.
Laurana Cazeneuve LE PETIT BLEU ( 20 septembre )