Vif émoi dans la vaste communauté de l’enseignement des langues régionales. Promoteurs du catalan, de l’occitan, du breton ou du corse s’inquiète du programme présenté par la NUPES, la Nouvelle union populaire écologique et sociale, fédérée autour de La France insoumise, pour ces législatives. Le financement des écoles privées, et donc l’enseignement de ces langues, serait menacé par l’interdiction des subventions extra-légales et l’abrogation de la loi Carle. Explications et mise au point de Myriam Martin, figure de LFI en Occitanie.
Deux propositions du programme commun aux candidats de La France insoumise, du Parti socialiste, du Parti communiste, d’EELV, réunis sous l’étiquette NUPES, ont mis le feu aux poudres. Très attentifs à toute proposition qui pourrait, même par ricochet, altérer l’enseignement des langues régionales, leurs promoteurs ont vite vu dans l’abrogation de la Carle et l’interdiction des subventions extra-légales des collectivités, une double menace pour leurs écoles, leurs enseignants et leurs élèves.
Le feu aux poudres
« Le programme de la NUPES est une menace pour Diwan, Calandretas, Bressolas… », fulminent les Bretons, qui ont réagi les premiers, immédiatement suivis par les Occitans. Car ladite loi Carle oblige les mairies, depuis 2009, à financer les écoles privées d’autres communes si des enfants de la leur y sont scolarisés.
Cette loi, par ailleurs considérée comme fossoyeuse de la carte scolaire, si elle était abrogée, priverait les écoles privées, confessionnelles ou non et donc les établissements de langues régionales, d’une importante ressource financière. Tout comme l’interdiction des subventions extra-légales qui permettent à des collectivités, comme les régions, dont l’Occitanie, de financer aussi des dépenses d’’investissement dans les écoles privées.
Le réseau breton Diwan, suivi point par point par les Occitans, souligne qu’ « aucune distinction n’est faite dans le programme NUPES entre écoles privées confessionnelles et/ou payantes et écoles laïques, gratuites, associatives. Ces mesures concernent nos écoles jusqu’à preuve du contraire ».
Preuve que tente d’apporter Myriam Martin, figure de La France insoumise en Occitanie et candidate-suppléante en Haute-Garonne. « La loi Carle permet de financer toutes les écoles privées sous contrat et d’éviter ainsi la mixité sociale et de privilégier l’entre-soi, assure-t-elle à L’Indépendant. Quant aux autres subventions, la part pour le fonctionnement est obligatoire mais pour ce qui est extra-légal, on dit non. Mais il s’agit d’un programme national qu’on adaptera régionalement. En Occitanie, je me suis bagarrée pour les langues régionales car j’y suis attachée ».
On regardera au cas par cas, on n’est pas des fous furieux !
Myriam Martin ajoute qu’elle s’est opposée, lorsqu’elle était élue d’opposition, aux subventions extra-légales versées par la Région « qui allaient à du privé confessionnel ou lucratif. On veut que les enfants aillent dans des écoles où il ne faut pas payer. On regardera au cas par cas pour permettre à des écoles qui enseignent les langues régionales de fonctionner, on n’est pas des fous furieux ! On s’engage à respecter le soutien aux langues régionales et à ces écoles qui devraient être rattachées au service public ». Pourquoi dès lors ne pas le faire figurer clairement dans le programme des candidats de la NUPES ? « Parce qu’on a discuté grand angle, répond Myriam Martin. Et oui, on a oublié les écoles de langues régionales. J’entends l’émoi et je m’en excuse mais encore une fois, notre souci c’est pas les Calandretas et les Bressolas ».
J’entends l’émoi et je m’en excuse
Un mea culpa qui ne convainc pas en région. « Le cœur de la NUPES c’est Jean-Luc Mélenchon et ses déclarations et attitudes sont jacobines donc ce n’est pas clair, et non, Madame Martin ne nous rassure pas, lance Jean-Pierre Laval, président de Païs Nostre. On demande aux Occitans et Catalans de La France insoumise d’être plus offensifs que leur direction sur ce sujet et on appelle à voter pour les candidats de Régions et Peuples solidaires, Oui au Pays catalan-Unitat catalana dans toutes les circonscriptions des Pyrénées-Orientales et au candidat Résistons-Païs Nostre dans la 2e de l’Aude et pas pour ceux de la NUPES ».
Les langues régionales, ce sujet hautement politique.