Tension autour du chantier de l’A69 REPORTERRE

Alors que les opposants à l’A69 avaient réinvesti le « camping des platanes » à Vendine, près de Toulouse, le concessionnaire a ravagé le terrain le 24 mai. L’activiste Thomas Brail a été placé en garde à vue.

Vendine (Haute-Garonne), reportage

Les barnums et les tentes avaient repris place au bord de l’alignement d’arbres centenaires à Vendine (Haute-Garonne) depuis le 21 mai. Mais la « saison 2 » du « camping des platanes », annoncée avec humour par le collectif La Voie est libre, connaît déjà des rebondissements.

Le concessionnaire de la future autoroute Toulouse-Castres (A69), NGE-Atosca, ne semble pas avoir apprécié le jardin maraîcher que les militants venaient de créer sur le tracé de l’autoroute. Après avoir déposé plainte pour occupation illégale d’une propriété, l’entreprise est allée plus loin. Prétextant des « travaux de terrassement » sur la zone occupée, les militants ont été sommés le 24 mai de quitter les lieux par les gendarmes. Une pelle mécanique a ensuite saccagé le jardin en seulement deux heures.

« Ils ont tout ruiné, souffle Courroux, un militant présent au moment des faits. Ils avaient dit qu’ils venaient creuser des tranchées pour les batraciens, comme ils le font ailleurs. Puis ils ont rasé le potager. C’est une provocation. » « Ce genre d’action ne fait qu’attiser les tensions », ajoute Mo, lui aussi opposé à l’autoroute.

Thomas Brail placé en garde à vue

Alerté, Thomas Brail, l’activiste qui milite perché dans les arbres, s’est rendu sur place pour tenter d’empêcher la pelleteuse de creuser le sol près des platanes, au risque de couper des racines. Mais le célèbre militant tarnais a été arrêté et placé en garde à vue. Les alignements d’arbres bordant les routes sont pourtant protégés par un décret publié très récemment.

« Ils se sentent au-dessus des lois, peste Geoffrey Tarroux, du collectif La Voie est libre. Même l’obligation de publier le calendrier des travaux, ils ne la respectent pas. »

Dans un communiqué, le concessionnaire précise : « Conformément à l’autorisation environnementale délivrée le 1er mars, les travaux se poursuivent afin de mener à bien la réalisation de l’autoroute A69 reconnue d’intérêt public. » La veille, la présence des militants était pourtant tolérée malgré la plainte déposée par Atosca. « Le parquet de Toulouse nous autorisait à rester en nombre limité », précise Geoffrey Tarroux.

Le « camping des platanes » s’était créé spontanément il y a deux mois en soutien aux militants accrochés aux platanes pour empêcher leur abattage. Devenu un lieu symbolique de la lutte contre l’A69, il avait été démantelé à la veille du week-end de mobilisation « Sortie de route » coorganisé avec Les Soulèvements de la Terre. Objectif : rassurer les autorités qui craignaient l’installation d’une zad.

Montrer la fertilité des terres

Mais un mois après la manifestation de Saïx qui a rassemblé 8 000 personnes (4 000 selon les autorités), la demande des militants d’arrêter les travaux et de considérer les alternatives à l’A69 telles que l’aménagement de la RN126 est restée lettre morte. Le retour au camping de Vendine et la création d’un jardin potager a été une façon d’attirer l’attention.

« C’était un jardin symbolique face aux 400 hectares qui vont être artificialisés par l’A69, explique Courroux. On voulait montrer ce qu’on arrive à tirer de ces terres fertiles de la vallée du Girou. » Sa destruction est d’autant plus injuste que les opposants venaient de recevoir une invitation pour une réunion à distance avec le cabinet du ministère des Transports.

Les militants n’attendent plus grand-chose de cet entretien. D’autant que le ministre des Transports, Clément Beaune, a récemment indiqué que l’A69 ne ferait pas partie des projets routiers réévalués cet été, tout en précisant que des « améliorations », « notamment sur les impacts environnementaux », pourraient être discutées avec le concessionnaire. NGE-Atosca doit également être reçu par le ministre.

En attendant, la lutte continue. À Vendine, les barnums et les tentes ont été déplacés de quelques mètres. Une pancarte avec l’inscription « maNGE merde » a été aussitôt affichée. Malgré le coup dur, la dérision reprend le dessus.

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