Alors que le Parlement européen se réunissait pour la première fois depuis les élections européennes et que Régions et Peuples Solidaires se réjouissait de retrouver sa place au parlement européen en la personne de François Alfonsi, 3 députés catalans (Oriol Junqueras, Carles Puigdemont et Toni Comin) ont été interdits de siéger et de représenter les 2 millions de voix qui se sont portées sur leur liste. Le succès de la manifestation en leur faveur devant le Parlement européen (plus de 10 000 personnes) risque malheureusement de ne pas suffire à débloquer véritablement la situation alors que, précisément, d’autres nuages s’amoncellent sur une Union européenne manifestement en crise.
Car au-delà de ce scandale politique dû à la pseudo justice espagnole, ce 2 juillet a été marqué par un accord politique des plus détestables au Conseil Européen.
Ce dernier, incarnation même de l’Europe des États qui a failli, a décidé que tout devrait changer pour que rien ne change pour 5 ans et que ceux qui avaient déjà échoué devaient rester aux responsabilités!
En effet, les chefs d’État et de gouvernement ont proposé un paquet de nominations totalement inacceptable et complètement en dessous des enjeux historiques tant au point de vue politique que climatique, social ou territorial.
En réalité, cette négociation entre les chefs d’État et de gouvernement, sans projet ou vision politique, n’a été qu’un marchandage entre les États pour mieux placer leurs pions.
Cet accord signe la mort du système des Spitzenkandidaten (candidats chefs de file des familles politiques européennes), peut-être perfectible mais qui avait été une avancée majeure dans la démocratisation de l’Europe. Nous voilà donc 10 ans en arrière.
De plus, la droite (Parti Populaire Européen, LR en France) qui a fait le plus mauvais score de son histoire aux européennes reste aux commandes comme si de rien n’était, comme si les Européens n’avaient pas voté et n’avaient pas sanctionné les partis traditionnels!
Enfin, le paquet de nominations apparaît comme une négation totale du droit à l’autodétermination qui, dans ce contexte politique, est désormais plus menacé que jamais en Europe.
Ce 2 juillet aurait pu – et aurait dû – être le 1er jour d’une nouvelle Europe, d’une Europe des peuples, d’une Europe démocratique, juste et durable. Il semble que l’ancien monde ait décidé d’en faire l’acte II de l’Europe des États.
Le seul point positif de cette négociation est que pour la première fois des femmes sont proposées aux postes les plus prestigieux (Présidence de la Commission et Banque Centrale Européenne) mais cela n’enlève rien au fait que ce marchandage à huis clos est politiquement mauvais et historiquement très en dessous des enjeux.
Désormais, seul le Parlement européen peut éviter que ce scénario se réalise. En effet la candidate à la présidence de la Commission européenne doit être élue par le Parlement dans 2 semaines et doit recueillir au moins 376 voix sur les 751, le PPE ne comptant que 182 députés… Le match n’est pas terminé.
R&PS qui est contre le retour en arrière jacobin et le statu quo néolibéral demande aux députés européens de rejeter cet accord et les nominations qui vont avec afin qu’une vraie alternative puisse prendre place et que la demande de changement exprimée dans les urnes le 26 mai dernier se concrétise vraiment.
Communiqué de Roccu Garoby, porte-parole de Régions et Peuples Solidaires