Hommage à Max Simeoni , stratége du nationalisme Corse

Le sang ne  tache pas les mains du peuple corse, il souille celles des hommes qui ont préparé, organisé et commandé un assaut stupide, inutile et inhumain ». Ainsi s’exprimait Max Simeoni, peu après l’occupation de la cave d’Aleria les 21-22 août 1975 par une quinzaine d’hommes, avec à leur tête son frère Edmond. La mort de deux gendarmes et un manifestant au pied arraché furent à déplorer. La voie de Max était tracée après cet acte fondateur du nationalisme corse, elle ne variera pas. Il est décédé le 9 septembre, à l’âge de 94 ans.

La démarche abertzale de Max Simeoni commença avec la fondation de l’ARC en 1967 —elle fut dissoute par le gouvernement français en 1975— et le lancement de l’hebdomadaire Arritti en décembre 1966 qui paraît toujours (1). Elle plonge en partie ses racines dans deux évènements qui mobilisèrent la Corse toute entière : un projet de création d’un centre d’essais nucléaires en Corse au début des années 60 et l’affaire des déchets de boues rouges toxiques, déversées dans le golfe de Gênes par une société pétrochimique italienne, la Montedison, en 1972 (2).

Il prend le maquis

Un an après Aleria où Max Simeoni se chargea de la partie communication et médias de cette affaire, et alors que son frère Edmond était toujours en prison, Max passe à l’action. Le 22 août 1976, il occupe et dynamite la cave viticole de Cohen Skalli à Aghione. Après quelques semaines de cavale dans le maquis, il se rend à la justice, est écroué, puis remis en liberté conditionnelle trois mois plus tard.
En 1977, avec son frère Edmond, Max Simeoni fonde l’UPC (Unione di u Populu Corsu). De graves problèmes cardiaques empêchent Edmond, déjà leader charismatique, de demeurer au premier plan. Max, le « stratège de l’ombre et le théoricien » doit prendre les rênes. Il est élu conseiller à l’assemblée de Corse en 1984. Son parcours politique prend une autre dimension lorsqu’il devient, cinq ans plus tard, le premier abertzale corse à faire son entrée au Parlement européen, à la faveur d’une alliance avec les Verts, conduite par Antoine Waechter. En troisième position sur la liste, Max Simeoni poursuit alors un objectif : « Internationaliser la question corse », en donnant un nouvel écho à la lutte nationaliste : « Cette échéance nous intéressait, disait-il, car elle nous offrait une tribune à une plus grande échelle, et le moyen d’attaquer Paris par l’extérieur, comme voulaient le faire toutes les régions d’Europe concernées par les problèmes de peuples minoritaires ».

Fondateur de l’ALE puis de Régions et peuples solidaires (RPS)

L’union des peuples minoritaires occupe une place centrale dans son action politique. Déjà en 1981, il participe à la fondation de l’Alliance libre européenne (ALE), à laquelle adhèrent 46 partis défendant le droit à l’autodétermination des peuples et la diversité culturelle et linguistique. « Son objectif était avant tout de fédérer pour donner davantage de poids à notre lutte », indique l’infatigable militante corse Fabienne Giovannini, élue territoriale et longtemps cheville ouvrière d’Arritti. En 1994, Max Simeoni s’inscrit parmi les membres fondateurs de la fédération Régions et peuples solidaires (RPS), un mouvement rassemblant, à l’échelle de la France, des partis régionalistes basques, bretons, alsaciens, catalans, occitans et corses. La liste qu’il conduit n’obtiendra aucun élu aux élections européennes de 1994. Mais la démarche est lancée, elle sera poursuivie par François Alfonsi, aujourd’hui député européen.

Max Simeoni maintint vivant un courant de pensée pendant des années terriblement difficiles. A une époque où le FLNC occupait une large part de l’espace politique abertzale et se voulait hégémonique, avant de sombrer dans les dérives et les guerres fratricides que l’on sait. « Il a compris très tôt que la lutte ne pouvait pas se limiter à la protestation, mais qu’il fallait structurer le mouvement et conscientiser le peuple », précise Fabienne Giovannini. Quant au député abertzale de Haute-Corse, Jean-Felix Acquaviva, il rappelle sa « foi inébranlable dans la lutte du peuple corse et la démocratie. S’organiser pour convaincre et non contraindre ». Tel fut le sens du combat exemplaire de Max Simeoni.

Article / ENBATA

                                . Totas las condolenças del movement occitan PAIS NÒSTRE a la familha de Max Simeoni .

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