A69 / aprés la manifestation le site évacué , 30 blessés et 9 interpellations REPORTERRE

Au lendemain de la manifestation contre l’A69 et la création d’une zad à Saïx, les gendarmes ont évacué le site avec force. Parmi les opposants, une trentaine ont été blessés et neuf interpellés.

Saïx (Tarn), reportage

Tout a été très vite. Dimanche 22 octobre à la mi-journée, les forces de gendarmerie ont évacué un corps de ferme que les opposants à l’autoroute Toulouse-Castres avaient investi la veille au lieu-dit La Crémade, à Saïx. Alors que des scientifiques et chercheurs membres de l’atelier d’écologie Atécopol avaient entamé une conférence, les militaires ont débarqué sur la « Cremzad » pour évacuer les bâtiments. 600 gendarmes ont participé à l’évacuation. Plus d’un millier de personnes se trouvaient alors sur le site, d’après un témoin sur place.

Les manifestants ont été repoussés à grand renfort de gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement. Les militaires ont ensuite construit un mur antiémeute autour des bâtiments.

Selon les organisateurs de ce week-end de mobilisation, une trentaine de personnes ont été blessées. Le préfet du Tarn n’a quant à lui fait état d’aucun blessé du côté des manifestants, indiquant que les pompiers n’avaient pas été appelés par les streetmedics… tout en rappelant que les gendarmes avaient procédé à « un usage strictement nécessaire de la force ».

Lacrymogènes, incendies…

Parmi les blessés, le grimpeur Thomas Brail a été évacué apparemment inconscient par des streetmedics. « Il s’était mis en opposition pacifique face aux gendarmes. Ils l’ont mis à terre violemment avec des coups de matraque », raconte Denis Baréa, du collectif La Voie est libre.

Quelques minutes plus tôt, le militant postait une vidéo pour montrer les barricades de fortune montées au petit matin par les zadistes. « La jeunesse ne voit pas d’avenir, c’est pour ça qu’elle bloque. »

Après le repli des opposants sur le campement de la mobilisation, un face-à-face tendu a duré plusieurs heures avec les forces de gendarmerie. « Les gaz ont recouvert le campement où étaient installées les tentes et l’espace de soutien psychologique et où s’étaient repliés les familles et les enfants », décrit un communiqué des organisateurs.

Les grenades lacrymogènes ont provoqué des départs de feu dans les champs et les bois alentour. « Une situation extrêmement dangereuse pour le lieu et les personnes présentes », poursuit le communiqué, et ce, en pleine période de sécheresse. « Pendant que les scientifiques étaient en train de dire que la planète brûle, les gendarmes mettent le feu et c’est nous qui éteignons avec des extincteurs », s’emporte Geoffrey Tarroux, de La Voie est libre.

« Nous continuerons d’agir »

En début de soirée, la préfecture a annoncé l’interpellation de 9 personnes et 6 policiers et gendarmes légèrement blessés. « Nous garderons la ferme de La Crémade pour empêcher toute tentative de réintroduction », a précisé Michel Vilbois, le préfet du Tarn.

« L’autorité de l’État et des décisions de justice permettent de ne pas revivre un nouveau Notre-Dame-des-Landes », s’est félicité le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur X, anciennement Twitter.

La veille de cette journée mouvementée, la manifestation contre l’autoroute avait rassemblé plus de 10 000 personnes selon les organisateurs.

Six cortèges différents s’étaient formés, empruntant divers itinéraires pour prendre les autorités de cours. La tactique avait permis à un groupe de créer une zad juste à côté du camp de base, au lieu-dit La Crémade. Pendant que le cortège principal manifestait dans le calme, deux autres convois avaient également pris la tangente pour incendier une cimenterie et dégrader une entreprise de travaux publics, symboles d’industries qui participent à l’élaboration de l’autoroute.

Le 22 octobre sur le campement, les quelques manifestants restés sur place sont dépités. Dans son communiqué, La Voie est libre prévient : « L’apaisement de la situation ne sera possible qu’avec le retrait de la gendarmerie de la zone de La Crémade et l’arrêt des chantiers […] Nous continuerons d’agir. »

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