Comment conjurer la crise systémique post-coronavirus ? par le Professeur Maxime Maury

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Le monde est entré dans la plus grande récession de l’après-guerre. Pour la France, la contraction du PIB atteindra -3 à -4 % par mois de confinement.
Le résultat final dépendra de la capacité du gouvernement à ne pas laisser l’économie se paralyser complètement. Mais le redémarrage sera lent car l’économie est en panne. Cela ne s’est jamais produit, même en temps de guerre.
La récession sera donc beaucoup plus forte qu’en 2OO8.
Mais la crise sanitaire n’est probablement que la première étape d’une crise systémique car le monde est assis sur un baril de poudre : 250 000 milliards de dollars de dettes, soit trois années de PIB, là encore nettement plus qu’en 2008 ( 3 années de PIB versus 2,4).
Une crise pétrolière est ouverte par un prix de l’énergie trop bas, par la grande fragilité financière des pétroles de schistes américains et par le franchissement du pic de production du pétrole. La crise financière menace.
La reprise ne sera pas en V, mais en U ou en W. La filière transport-logistique est à surveiller de près pour maintenir l’approvisionnement.
Les troubles à l’ordre public risquent de se multiplier.
Pour éviter l’effondrement systémique, deux orientations s’imposent de toute urgence :
I) SORTIR DU MENSONGE COLLECTIF :
Nous sommes collectivement complices de trois mensonges qui minent le développement durable et nous ont conduits à allonger dangereusement nos lignes d’approvisionnement :
  • L’absence de taxe carbone mondiale qui pousse à un réchauffement climatique incontrôlé et à l’effondrement de la biodiversité ; 20 Prix Nobel d’économie la demandent;
  • Un prix de l’énergie anormalement bas alors que le monde a passé le pic du pétrole et que l’énergie va se raréfier ;
  • La recherche de la performance financière de court terme au détriment de la résilience collective et du développement durable. La prédation.
Les claques en série vont se multiplier car nous violons depuis trop longtemps les lois de la Nature.
II) POUR UN GRAND PLAN DE RELANCE MONDIAL du G20 en faveur d’infrastructures anti – réchauffement climatique :
Il faut faire à l’échelle mondiale (G20) ce que Roosevelt a fait pour les Etats-Unis dans les années 30 ( « N’avoir peur de rien si ce n’est de la peur elle-même »).
Il faut empêcher la récession et la crise financière de s’installer par un plan d’investissement mondial représentant 20% du PIB ( Europe et G20); c’est l’ordre de grandeur cité par N Baverez et À Gurria. En voici la substance :
  • l’autonomie énergétique des bâtiments publics , la rénovation énergétique des logements ;
  • la reconversion des lignes aériennes intérieures polluantes en voies de chemin de fer ;
  • la reconversion accélérée de l’industrie automobile vers l’hybride et l’électrique ;
  • la coopération avec d’autres pays européens pour le projet de réacteur nucléaire « Astrid » à neutrons rapides nous permettant de retrouver enfin notre autonomie énergétique ;
  • le lancement d’une monnaie-carbone refinançant les économies de CO2;
  • la recherche systématique de la résilience collective dans les communes et les régions par le développement de circuits courts et robustes ( alimentation , eau , chauffage ……);
  • la réduction d’inégalités abyssales, incompatibles avec la sobriété collective et la relance de l’économie;
  • la participation des salariés préconisée par le général de Gaulle.
Les États peuvent aujourd’hui se coordonner (cf G20) pour emprunter à taux négatifs ou nuls. C’est donc le moment d’une grande initiative publique ! Les Banques centrales la soutiendront.
Le coronavirus est le dernier avertissement. Les animaux qui nous l’ont transmis ont vu leur habitat réduit par la déforestation et l’effondrement de la biodiversité fait désormais de l’homme la cible privilégiée des virus.
Il faut donner à l’ONU une délégation pour protéger la forêt mondiale.
Abandonnons une pensée confinée par le court terme ! Abandonnons les postures ! Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard !
« La Boisserole » le 3 avril 2020

Maxime MAURY

Professeur affilié à Toulouse Business School 
Ancien directeur régional Occitanie de la Banque de France
06 86 11 09 17
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