Considérant qu’aucun candidat ne propose clairement de rompre avec le jacobinisme et d’engager effectivement la France sur la voie du fédéralisme différencié, R&PS avait annoncé, fin février, n’apporter son soutien à aucun candidat à l’élection présidentielle. En parallèle, R&PS s’était engagé à évaluer le programme de chacun des candidats et à rendre public le résultat de l’étude.
Pour y parvenir, nous avons sélectionné dix thèmes prioritaires à nos yeux et avons voulu savoir quelles étaient les propositions des candidats pour chacun d’entre eux.
Nous avons épluché le programme des quatorze candidats et mené une veille active pour connaître leurs réactions à l’actualité afin d’en savoir plus sur leurs intentions et leurs priorités.
Chaque thème est noté de 1 à 5; 1 étant la note la plus basse et 5 étant la plus haute.
La note finale de l’étude est sur 50. Aucun candidat n’atteint la note maximum.
Cette étude a pour but d’éclairer les sympathisants et les électeurs régionalistes sur l’offre politique et de les aider à faire leur choix au premier et au second tour de l’élection présidentielle.
Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Yannick Jadot
Yannick Jadot est le candidat le plus proche de R&PS. Ecologistes et Régionalistes forment d’ailleurs des groupes communs notamment au Parlement Européen et au Sénat. Parmi les membres de R&PS, l’UDB et plusieurs élus dont François Alfonsi ont fait le choix de s’engager à ses côtés. Cependant, l’ambiguïté (sur le statut de résident) voire l’absence de prises de position sur certains sujets comme les questions institutionnelles (sortie de l’Alsace du Grand-Est par exemple) n’ont pas permis un engagement total de R&PS à ses côtés.
Philippe Poutou
Philippe Poutou est le seul candidat à soutenir clairement le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Philippe Poutou soutient également le droit à l’autonomie des peuples de l’Hexagone ainsi que la défense des langues et des cultures régionales. Philippe Poutou est internationaliste et propose de rompre avec le néocolonialisme. Philippe Poutou propose la sortie du nucléaire et de la dépense aux énergies fossiles ainsi que la valorisation démocratique dans les territoires des énergies renouvelables. Sa vision de l’Europe manque en revanche de clarté.
Jean Lassalle
Tout comme les députés R&PS, Jean Lassalle siège dans le groupe Libertés et Territoires, à l’Assemblée nationale. Jean Lassalle a soutenu la proposition de loi contre le phénomène de spéculations foncière et immobilière en Corse du député JF Acquaviva ainsi que celle du député P Molac relative à la protection des langues régionales et à leur promotion. Jean Lassalle est aussi le seul candidat à avoir manifesté un soutien public à l’appel initié par R&PS pour « rompre avec le centralisme français ». Sa vision de l’Europe est assez éloignée de celle de R&PS. Le financement d’ITER qu’il propose est un gouffre sans fin inutile.
Anne Hidalgo
Le projet d’Anne Hidalgo n’est pas le plus éloigné mais il manque globalement d’ambition. Les langues régionales sont absentes de son projet alors qu’elle y défend la francophonie. Elle envisage un acte III de la décentralisation et l’autonomie financière des collectivités sans toutefois s’engager sur une nouvelle carte des régions. Elle entend consolider l’UE et propose de renforcer le pouvoir du Parlement européen et d’associer les collectivités locales. Sa vision de l’écologie est assez ambitieuse. Sur le plan de la démocratie, elle défend le RIC.
Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon se présente comme un héritier du jacobinisme. Il est opposé au développement des langues régionales. A l’Assemblée nationale, il avait voté contre la loi Molac. JL Mélenchon qui est attaché à l’unité et à l’indivisibilité de la République est radicalement opposé à la différenciation, au fédéralisme et à l’autonomie des régions à l’exception toutefois de la Corse et des Outre-mer. Son euroscepticisme n’est pas compatible avec la vision pro-européenne de R&PS. Ses progrès en matière d’écologie sont indéniables mais sa proposition de planification par l’Etat est contraire à notre approche démocratique et territoriale.
Fabien Roussel
Fabien Roussel a voté à l’Assemblée nationale, la loi Molac sur les langues régionales. Le sujet est toutefois absent de son programme à l’exception des langues maternelles dans les Outre-mer. Il est favorable à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie mais hostile à l’autonomie de la Corse qu’il considère comme un délitement de la République. Il est favorable a davantage d’autonomie des Outre-mer mais dans le respect des principes d’unité et d’indivisibilité de la République. Il est pronucléaire civile et sa vision de la défense est franco-française.
Nathalie Arthaud
Nathalie Arthaud considère le capitalisme comme la principale source des maux de la société. Tout son programme est tourné contre le capitalisme. Elle ne porte pas beaucoup d’intérêt ni à la défense des langues régionales ni aux institutions ni aux enjeux de démocratie territoriale. Internationaliste, elle défend l’idée d’une Union Européenne mais différente d’aujourd’hui. Hostile à l’impérialisme, elle soutient, sur le principe, les processus de décolonisation.
Emmanuel Macron
Consultation sur l’avenir la Nouvelle-Calédonie tronquée, processus de recentralisation de la fiscalité des collectivités, opposition à la loi Molac et aux langues régionales, refus de dialogue sur l’avenir la Corse: hormis la création de la Collectivité Européenne d’Alsace et quelques mesures sociétales, le bilan d’Emmanuel Macron ne plaide pas en sa faveur. Quant aux propositions, elles sont assez pauvres à l’exception du renforcement de l’autonomie de l’Union Européenne.
Valérie Pécresse
Valérie Pécresse veut une grande loi de décentralisation pour construire une France des territoires. Elle souhaite donner plus de compétences aux régions, départements et communes. Pas un mot en revanche sur les langues régionales alors qu’elle s’engage à défendre la culture française. Sur le plan économique et social, sa vision néolibérale est contraire à celle de R&PS qui est de défendre les services publics de proximité d’une part et les populations précaires d’autre part. Bien que pro-européenne, sa vision est celle de l’Europe des États autocentrée sur la France. Elle défend le développement du nucléaire civile.
Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan
Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan se situent aux antipodes du projet de R&PS. Souverainistes, ils sont farouchement opposés à l’Union Européenne et à la diversité linguistique. Tous trois défendent la diversité linguistiques mais à l’unique condition que ce soit pour protéger le français. Ils ont également une vision centralisée et autoritaire de l’Etat et s’opposent à la décentralisation ainsi qu’à l’autodétermination.