Serge Granier écrit à l’Indépendant à propos de l’UNSA et des langues autochtones

L’Indépendant du mercredi 9 novembre 2022 publie un article au sujet du constat de l’UNSA sur l’absence de mixité sociale à l’école. Il cite entre autre les écoles Calandretas bilingues français‑occitan.

L’UNSA Éducation défend l’école publique garante des valeurs et principes républicains“. C’est très joli, mais suppose qu’on soit aveugle sur les »oublis » fréquents de ces principes par l’Etat français, qui a toujours été et continue d’être centraliste et « parisien ».

L’article 2 de la constitution indique que “la langue de la République est le français ». Ce serait peut‑être acceptable si ça faisait du français la langue administrative de l’ensemble du territoire. Mais comme, bien au-delà, ça sert à instituer une différence de légitimité entre le français et les langues autochtones de France, c’est une atteinte à la libertél’égalité et à la fraternité).

Oui, langues autochtones, pas « langues régionales » : aucune ne coïncide avec une « région« . L’aire de l’occitan s’étend presque exclusivement sur environ un tiers de la France. D’autres langues autochtones de France sont officielles ou pleinement reconnues dans les États voisins.

Peut‑t‑on oublier que l’école est devenue « d’État » pour préparer les enfants à être soldats ? Que des exercices militaires y ont longtemps été la règle ? Qu’elle a été un instrument du nationalisme français ? (entre autre pour répandre la mentalité colonialiste).

L’UNSA Éducation demande l’abrogation de tout financement de l’enseignement privé. Les vertus qu’elle attribue à l’État lui paraissent légitimer un corporatisme bon pour des fonctionnaires sectaires. Mais tous ne le sont pas, heureusement ! et les Calandretas reçoivent aussi des enfants de fonctionnaires.

L’UNSA Éducation voudrait proscrire l’enseignement en immersion, entre autre parce que ce serait un enfermement. Il parle de ce qu’il ne connaît pas. Les Calandretas, par exemple, enseignent également le français, d’autres langues, et favorisent le plurilinguisme et le pluriculturalisme.

L’UNSA Éducation se prononce pour le développement de l’enseignement des langues et cultures dites « régionales » dans “l’enseignement public“, ou pour mieux dire l’enseignement d’État. L’État étant ce qu’il est, ça paraît un vœu pieux et naïf. Mais en réalité, il sait parfaitement qu’il ne peut absolument rien pour ça. Ne reste que la réalité de son corporatisme.

Il faut développer l’enseignement des langues autochtones dans l’enseignement dit public, mais pour respecter la liberté linguistique et culturelle, ce qui n’implique pas de refuser cette liberté ailleurs. Et il faut aussi travailler à changer notre État, un des plus centralisés des pays démocratiques industrialisés (centralisé, et en même temps excentré pour la majorité de ceux qui lui sont soumis.)

Serge Granier, le 10/11/2022

10 BIS rue Chaptal, 11100 Narbonne

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